|
Les représentations de la mort se construisent en fonction de l’âge de
l’enfant.
Le bébé subira la mort comme une absence, une rupture au même titre que les
séparations. L’intégration de ces expériences de deuil est liée à la détresse
de l’entourage. C'est à travers des troubles du sommeil, de l'alimentation que
l'enfant montre sa détresse.
Pour les enfants d’âge préscolaire, la mort est le plus souvent une perte
d’activité temporaire, réversible (« il dort ») et pour eux, les fonctions
vitales persistent après la mort (« est-ce qu’il mange encore ? »). Leurs
questions très concrètes sont parfois surprenantes mais peuvent refléter la
crainte de perdre ceux qui restent et/ou de mourir eux-mêmes. De plus, l'enfant
peut croire que c'est parce qu'il a un jour pensé ou dit du mal de cette
personne qu'elle est morte.
En âge scolaire, l’enfant comprend progressivement que la mort est
irréversible. Les aspects biologiques, le devenir, les transformations, les
squelettes l’intéressent ainsi que les rites funéraires et les questions
philosophiques. Mais ses préoccupations sont aussi sa propre sécurité actuelle,
les changements qui peuvent intervenir et les liens qui subsistent (« qui va
s’occuper de moi ?»).
L’adolescent réalise que personne n’est à l’abri et que la mort peut aussi
l’atteindre, bien que subsistent des pensées d’invincibilité et d’immortalité.
Et dans le tumulte de la mutation personnelle, la perte d’un parent peut
signifier la perte de l’enfance. L’ambivalence face aux images parentales
complique les processus du deuil, avec des contradictions intérieures et un
sentiment de grande solitude lorsque coexiste la difficulté à parler de soi.
Il nous faudra donc chercher à soutenir l’enfant là où il en est, en fonction
de sa compréhension de la mort et de la situation actuelle.
| |